En novembre 2016, j’ai passé deux semaines à l’Académie Vaudrin, une petite école privée maternelle et élémentaire de 120 élèves, située à Vaudreuil-Dorion, en banlieue Ouest de Montréal, au Canada. Autrefois très francophone, cette ville est l’une des seules du Québec à voir son nombre d’habitants croitre sans interruption depuis trente ans. 20% de la population y a maintenant l’anglais pour langue maternelle.
Cette école, je l’ai fondée pour mes enfants!
L’Académie Vaudrin c’est avant tout un personnage, Michelle Vaudrin, qui a fondé l’école il y a douze ans. Ses deux enfants, aujourd’hui adolescents, étaient affectés par de très grosses difficultés de comportement et d’apprentissage. « Cette école, je l’ai fondée pour mes enfants », avec pour but d’aider tous ses élèves à réaliser leur plein potentiel dans un cadre rassurant. « C’est en échouant que l’on grandit, tout le monde le sait et pourtant toutes les écoles continuent de juger les élèves sur leurs erreurs plutôt que de les encourager à faire de leur mieux ! »
Pour Miss V (le surnom que lui ont donné les enfants de l’école), aucun enfant n’est « perdu », la plupart des troubles de l’apprentissage et du comportement peuvent être « déprogrammés » au niveau du cerveau. C’est la raison pour laquelle des parents font 2h de route pour amener leurs enfants à l’Académie. D’autres ont même déménagés pour que leur enfant reçoive le soutien qu’il n’obtenait pas ailleurs où les enseignants voyaient dans leurs enfants des cas perdus. Pour autant l’école n’est pas une école spécifiquement dédiée aux enfants avec des fortes difficultés, et seuls une quinzaine d’enfants suivent les programmes Arrowsmith, Cellfiel ou Tomatis (que je détaillerai plus après).

L’Académie Vaudrin, c’est un peu comme une famille : les plus grands, qui ont douze ans, aident les plus petits à s’habiller, à manger, tous jouent ensemble dans la cour de récréation, ce qui est assez inhabituel ! D’ailleurs, le bâtiment en briques rouges ressemble plus à une grosse maison qu’à une école.
« Ici c’est une vraie famille, tout le monde se connait et prend soin des autres » explique une jeune fille de 11 ans.
L’école se distingue à mon sens par trois éléments :
- Elle a pour ambition de rendre tous les enfants trilingues, dans un pays où rares sont les personnes qui maîtrisent le Français et l’Anglais, alors qu’un quart de la population du Canada a le Français pour langue maternelle.
- Elle constitue un environnement exceptionnellement motivant et rassurant pour les enfants.
- Elle propose des programmes innovants basés sur la neuroplasticité pour les enfants ayant des difficultés d’apprentissages sévères et des troubles du comportement, avec de très bons résultats.
Une école trilingue :
Les élèves reçoivent neuf heures de cours de français par semaine (le sport, pratiqué quotidiennement, est aussi en Français). Soit trois demi-journées en français par semaine. Le reste des cours sont en Anglais, à l’exception des trois heures de cours d’Espagnol hebdomadaires.
Chaque classe a donc deux enseignants principaux qui enseignent dans leur langue maternelle et TOUS les enfants et les adultes de l’école sont au moins bilingues (l’Espagnol est souvent moins bien maîtrisé et surtout moins utilisé par les élèves, qui échangent entre eux en Français et en Anglais).
En raison de ce choix de trilinguisme, aucune langue n’étant officiellement dominante dans l’école, l’Académie Vaudrin ne reçoit aucune subvention du gouvernement du Québec et la scolarité de chaque élève revient donc à 12 000 dollars canadiens par an.
« Montréal est une ville bilingue, où les gens souvent ne s’entendent pas » (= ne se comprennent pas en québécois) « Et cette tendance s’accentue avec le nombre croissant d’immigrés qui viennent travailler à Montréal. Pourquoi forcer les enfants à être élevés dans une seule langue, l’Anglais ou le Français ? C’est se couper du reste de ses concitoyens ! »
« Il est essentiel que chaque adulte ne communique avec les enfants qu’en une seule langue, même s’il est bilingue. Toutes les recherches le montrent. Un adulte, une langue. Point, on ne passe pas de l’une à l’autre, sinon ça perturbe totalement l’apprentissage de la langue et en plus ça ne motive plus les élèves qui s’aperçoivent qu’ils peuvent être compris par l’adulte dans leur langue maternelle, sans donc faire d’effort. » Continue Madame Vaudrin. Et ce principe est appliqué dans toutes les classes, bien que tous les enseignants soient bilingues voire trilingues.

« Certains établissements proposent le Baccalauréat international. Mais c’est une blague ! On saupoudre un peu de langue seconde et puis c’est tout. Ce n’est pas du bilinguisme ça ! Et pourtant ça coûte très cher en subventions. »
Un bémol (et encore) : Seuls quelques-uns des enfants qui suivent le programme Arrowsmith toute l’année ont plus de difficultés à s’exprimer dans les deux langues officielles, car ils passent trois heures par jour hors de leur classe pour suivre le programme.
Une école familiale :
Comme je l’ai dit plus haut, l’Académie Vaudrin, c’est une grande famille.
- Chaque classe n’a pas plus de 20 élèves, et deux classes d’âges y sont mélangées.
- Les salles sont aménagées avec des gros coussins, les enfants qui le souhaitent sont assis sur des chaises à bascule. Les élèves mangent leur snack dans leur salle de classe.
- Les élèves et adultes se donnent souvent des accolades ou des « high-five » pour célébrer les réussites ! Particulièrement quand l’élève vient de surmonter une étape qui lui causait beaucoup de soucis.
- Des slogans motivants sont affichés sur tous les murs de l’école : de la fameuse phrase de Thomas Edison « Je n’ai pas échoué, j’ai juste trouvé 10000 manières de faire qui ne marchaient pas » à celle de Rutherford Hayes : « L’expert en toute chose a été un débutant », le mot d’ordre est d’encourager chaque enfant et de féliciter toutes les tentatives, mêmes infructueuses.
Je n’ai pas échoué, j’ai juste trouvé 10000 manières de faire qui ne marchaient pas.
- Maggy Bergeron, éducatrice spécialisée, est chargée de maintenir un climat paisible dans l’école. Elle forme les enfants les plus âgés à la médiation, met en place des programmes de lutte contre le harcèlement et la violence à l’école, d’autres pour développer l’estime de soi, aide les enfants à résoudre leurs conflits lorsque les médiateurs n’y parviennent pas, et s’assure de manière générale que les élèves se sentent bien. « C’est la condition sine qua non avant d’envisager tout apprentissage », explique celle qui a travaillé depuis 10 ans avec des jeunes délinquants et comme intervenante anti-harcèlement dans des écoles publiques et privées de Montréal.
- Michelle Tremblay, musicothérapeute de formation, vient pratiquer tous les vendredis auprès de certains enfants dont les parents ont fait la demande.
- L’école ne pratique pas les punitions, ni même les sanctions telles que l’exclusion. La communication est vue comme le seul moyen de résoudre les conflits éventuels et de mettre fin à des comportements inadéquats. C’est le principe des « conséquences naturelles » qui est appliqué : si un enfant frappe un autre (ce que je n’ai jamais vu arriver, même en maternelle), il est éloigné de la zone de jeux pour échanger avec Maggy Bergeron ou Michelle Vaudrin. Les élèves sont écoutés très attentivement et amenés à exprimer leurs ressentis avant de devoir réfléchir à une solution pour mettre fin à leurs comportements inacceptables. Un suivi est fait de la mise-en-place de ces solutions.

Résultat de tout ce climat favorable à l’épanouissement et de l’écoute des besoins primaires et émotionnels de chacun : Il n’y a pas de violence dans l’école. Le cas de médiation le plus important que j’ai vu consistait à résoudre le problème suivant : une fille de CM1 montait une copine sur laquelle elle avait un ascendant contre une autre jeune fille. C’était un souci récurrent et la victime avait fini par se plaindre. Pendant une heure, Maggy a accompagné les filles dans la résolution de leur conflit, et celles-ci n’avaient aucun souci à écouter les ressentis de l’autre, à les reconnaître et à trouver une solution adaptée. « Si je n’étais pas là en plus des enseignants, ça ne serait pas possible de résoudre ce genre de conflit, et les élèves resteraient en classe, frustrés, tristes, en colère, ne pensant qu’à leur problème et non à l’apprentissage. Certes elles ont perdu une heure de cours mais sans résolution du conflit, ça aurait été bien plus ! » dit Maggy.
- Les valeurs défendues sont celles de la créativité, de la persévérance, de l’estime de soi et le sens de responsabilité vis-à-vis des autres. L’apprentissage de connaissances n’est pas vu comme une fin en soi, même si le programme du Québec est suivi par les enseignants.
- Michelle Vaudrin met en place de nombreuses méthodes thérapeutiques à laquelle elle a été formée afin d’aider les enfants à surmonter leurs anxiétés ou leurs colères, et notamment l’ultra efficace EFT (Emotional Freedom Technique).
Le bien-être des enfants: la condition sine qua non avant d’envisager tout apprentissage
Le pouvoir des mots
Un moment qui m’a particulièrement marqué lors d’une de mes discussions avec Michelle Vaudrin fût lorsqu’elle me parla d’une expérience réalisée par deux de ses élèves, qui ne la croyait pas lorsqu’elle expliquait en classe que la manière dont l’on parle au gens, avec amour et encouragement ou au contraire avec violence, pouvait avoir un effet non seulement sur les émotions de la personne mais aussi, à terme, sur son corps.
Les deux jumelles, en CM2, passèrent quelques minutes tous les jours durant les vacances d’été à parler à deux pots en verre remplis d’un fonds de riz cuit. A l’un des pots elle parlaient avec amour, à l’autre avec haine. J’ai vu les deux pots, conservés précieusement à l’école par les jeunes filles dont les parents étaient au départ très sceptiques : Dans l’un des pots, le riz était très blanc, dans l’autre totalement désagrégé et brunâtre. Et devinez quels mots avaient été adressés à chacun des pots ?!
Je vais moi-même commencé cette expérience, mais j’en avais déjà entendu parler et elle a été produite par Masuru Emoto sur de l’eau, et il n’est inconnu de personne que les fréquences d’un son modifient la disposition que prennent les grains de sable ou de sel qui y sont exposés. Donc je veux bien croire à cette expérience, qui peut au premier abord effrayé et passer pour de l’ésotérisme !

Bien dans son corps, bien dans sa tête
Michelle Vaudrin tient à mettre l’accent sur l’activité physique au sein de l’école. “On a peut-être pas les moyens d’avoir des infrastructures extraordinaires mais les enfants ici font plus d’activités physiques à l’école que n’importe quel enfant dans la ville!”
L’école participe ainsi notamment au programme BOKS lancé par Reebok, qui consiste à faire du fitness pendant 30 minutes par jour le matin.
Les écoliers ont aussi deux heures de sport tous les mercredis matins au gymnase adjacent à l’Académie Vaudrin. Ils y font du hockey, du football, etc. Comme cela se fait dans les autres écoles.
A cela s’ajoute, une fois par semaine, un cours de danse et de Feldenkrais prodigué par Stéphanie Guindon, enseignante de Français et de danse depuis près de 20 ans. Elle fait principalement pratiquer à ses élèves la méthode Feldenkrais, qui doit amener ses pratiquants à prendre conscience de leur mouvement dans l’espace et dans leur environnement.
“ça permet de prendre conscience aussi de la manière dont on se tient: mal… Et de corriger ça en rééquilibrant la posture.”
Une école pour tous : programmes Arrowsmith, Cellfield et Tomatis
L’Académie Vaudrin propose des programmes pour les enfants qui démontrent des difficultés d’apprentissage telles que la dyslexie, la dysgraphie, la dyscalculie, le syndrome d’Asperger, le PDD-NOS, la mémoire fonctionnelle insuffisante, le trouble d’audition central, etc. Comme l’explique le site de TOMATIS: “Il existe un ensemble de troubles, regroupés sous le terme de troubles spécifiques des apprentissages. Un nombre considérable d’enfants (4 à 6 %) souffrent de tels troubles. Ils ne peuvent s’expliquer ni par un manque d’intelligence, ni par un environnement socioéconomique défavorable ou encore par un problème psycho-affectif important.
Ces troubles ont une origine neurobiologique et correspondent au fait que certaines zones du cerveau ne se sont pas développés correctement durant la période prénatale.
Ces troubles correspondent à la dyslexie s’agissant de la lecture, à la dysorthographie pour les correspondances lettres et sons ou encore à la dyspraxie en ce qui concerne la planification et la coordination des gestes appris. Ils correspondent également à la dysphasie pour le langage oral et à la dyscalculie pour les performances mathématiques.”
Et les trois programmes mis en place ont pour objectif de répondre à ces difficultés, en se basant sur la notion de neuroplasticité.
Programme ARROWSMITH
Je me suis principalement concentré sur le programme Arrowsmith, qui est mené toute l’année, par Maggy Bergeron. Une dizaine d’enfants y sont inscrits et y étudient trois heures par jours au maximum (selon leurs besoins).
L’idée de ce programme est que le cerveau, loin d’être figé, est modulable et que si certaines zones du cerveau sont sous développées, il est possible, avec de l’entraînement, de les fortifier. C’est le principe de neuroplasticité. Autrement dit il est possible de vaincre les difficultés d’apprentissages en identifiant et corrigeant les capacités cognitives déficientes.
La plupart des enfants présents dans le cours (ils ne viennent pas tous au même moment et seuls cinq d’entre eux font trois heures d’entraînement par jour) ont principalement des difficultés de lecture et d’écriture, mais aussi des difficultés à comprendre des raisonnements logiques. Certains ont des troubles plus spécifiques, comme des troubles de l’attention, de la mémoire auditive, etc.

Sophia, 12 ans, qui suit le programme depuis trois ans, en parallèle du programme Cellfield (dédié lui uniquement aux difficultés en lecture), me montre l’exercice intitulé « tracing », auquel elle est en train de s’entraîner. Avec un stylo rouge très fin, il s’agit de tracer une ligne à l’intérieur de lettres vertes. En une minute, il faut qu’elle ait finie de tracer sa ligne, sans que le rouge ne dépasse. Si elle arrive à faire trois lignes parfaites, dans le temps imparti, elle peut passer au niveau suivant. En trois ans, elle est au niveau six (il y en a dix). Il requiert une grande précision, et j’ai vu les parents de d’autres enfants, lors d’une journée porte ouverte, faire bien moins bien que leurs enfants !
Avant, j’étais incapable de lire, les lettres s’emmêlaient. Mais maintenant j’aime trop lire, même ma mère me demande d’arrêter
Sophia m’explique qu’elle a déménagé il y a trois ans pour venir dans cette école. Elle vient d’Alberta, à près de 3000 kilomètres de Montréal ! « Avant, j’étais incapable de lire, les lettres s’emmêlaient. Mais maintenant j’aime trop lire, même ma mère me demande d’arrêter » dit-elle en souriant. « Regarde… » elle sort de son sac un livre de 300 pages pour adolescents. « C’est l’histoire d’une fille qui a déménagé à Montréal alors qu’elle vient de la campagne, et elle parle de ses amis qui lui manquent, de ses amours, de ses nouvelles amies, tout ça… Et y a pas d’images hein ! » Maggy me confirme les changements spectaculaires. « Ca a pris du temps, et Sophia était très sérieuse et déterminée ! Elle pourra aller au collège l’an prochain avec les autres camarades ! » (sous-entendu pas dans un établissement spécialisé.)
« Souvent, on n’a pas assez d’attentes avec ces enfants, et ça n’est pas bon ! On les prend pour des petites choses fragiles alors qu’ils ont un potentiel énorme et peuvent très bien atteindre des sommets et faire des choses très dures en persévérant, et ça les rend tellement heureux de pouvoir faire les mêmes choses que les autres enfants, comme lire ou écrire ! Il deviennent souvent même encore plus dexters dans bien des domaines. »
Une autre enfant, Danika, me montre un exercice qui m’est plus difficile que « tracing » (j’ai l’habitude de dessiner donc cet exercice n’était difficile que dans les étapes les plus élevées). Il s’agit de lire l’heure avec des aiguilles qui sont toutes de la même taille et pourtant l’une indique bien les heures, l’autre les minutes, l’autre les secondes. Je n’avais jamais appris à faire ça mais elle me montre. Là encore il faut être très rapide pour passer au niveau supérieur, et réussir une longue série sans erreurs. Elle était incapable de lire l’heure avant, et avait de grosses difficultés de raisonnements, mais vu la manière dont elle m’explique l’exercice, ça à l’air de s’être bien arrangé. Je l’ai vu plus tard en classe en cours de français, elle participait beaucoup et n’avait aucun souci de compréhension.
Il existe ainsi une dizaine d’exercice, avec de nombreux niveaux, qui sont affichés aux murs de la classe. L’avancement des enfants est indiqué par des pinces avec leur nom, qui grimpent au fur et à mesure qu’ils avancent.
D’autres enfants sont eux encore au début du programme et ont des grosses difficultés de concentration (« en même temps, ce n’est pas assez ludique, il devrait un peu faire évoluer ça ! » me dit Maggy). Alessio lui est terriblement découragé dès qu’une de ses séries de réussites s’interrompt. Maggy l’encourage, il recommence, déterminé. « C’est dur de les maintenir tous motivés pendant trois heures par jours, car les exercices sont durs et très répétitifs. Mais j’invente des défis, comme de pas se laisser déconcentrer quand je me mets à venir leur faire des grimaces » (j’ai expérimenté, ils veulent tellement être forts qu’ils ne se laissent pas déconcentrer, sauf une qui pouffe sans arrêts) « ou encore on fait la course aux points, et à chaque fois que l’un réussit un exercice en silence il obtient un point ; ou encore ils ont le droit de me donner un défi s’ils réussissent une série, etc. »
Quand un enfant sort victorieux d’une série d’exercices, Maggy clame sa victoire dans le microphone de l’école et envoie un mail aux parents (ou laisse l’enfant appeler, c’est comme ils le souhaitent). Après avoir en général effectué une petite danse de la victoire avec l’enfant !
Méthode TOMATIS
Moins d’une dizaine d’enfants suivent ce programme dans l’école. Celui-ci, contrairement à Arrowsmith, n’a pas lieu toute l’année mais deux heures par jour sur deux périodes de 13 jours chacune. Outre les troubles de l’apprentissage, ce programme est utilisé également pour les enfants ayant des difficultés de communication ou de l’attention. Il postule que modifier les facultés auditives d’un sujet amènent la transformation du comportement et du langage. Si la méthode n’est toujours pas reconnue comme un dispositif médical en France, mais comme une méthode de médecine alternative, elle a été largement diffusée en Suisse et en Pologne. Depuis la mort de Tomatis, les études scientifiques réalisées sur des enfants bénéficiant de la méthode semblent avoir démontré des améliorations significatives par rapport à des enfants souffrant des mêmes troubles mais ne suivant pas le programme (je vous renvois à internet si vous souhaitez vous faire une meilleure idée de la méthode et de ses fondements scientifiques! Gérard Depardieu en tout cas est très content de la méthode Tomatis qu’il a suivi à 15 ans!)
La méthode Tomatis, en jouant sur la plasticité des circuits nerveux impliqués dans le décodage et l’analyse des sons, mais également sur ceux de la motricité, de l’équilibre et de la coordination, peut aider les enfants à développer des stratégies de compensation face aux troubles de l’apprentissage et du langage. Ainsi, si elle ne permet pas de les éradiquer, elle amène néanmoins le sujet à les gérer et à les surmonter efficacement.
Comme l’explique le site du programme:”Les appareils Tomatis sont conçus pour établir un contraste perceptif sonore unique. Cet effet provoque la tension puis le relâchement des muscles de l’oreille. Ce va-et-vient est réalisé par le passage soudain de fréquences graves ne nécessitant de la part de l’oreille aucun effort d’accommodation à des fréquences aigues demandant à l’oreille un effort d’accommodation important. Cette activité peut être comparée à une gymnastique, qui grâce à une activité répétée et une mobilisation progressive de l’oreille, permet d’optimiser la transmission du message sensoriel sonore vers le cerveau.”
Concrètement, les enfants jouent à des activités calmes tout en écoutant de la musique classique à différentes fréquences. Ils doivent également lire à haute voix à l’adulte un livre, tout en entendant leur voix qui est retransmise dans le casque de l’enfant telle qu’elle est perçue par l’auditeur, ce qui l’amène à se corriger.
Maggy a du mal à savoir si ce programme marche vraiment bien: “c’est dur à dire parce que les enfants les plus en difficultés suivent les trois programmes proposés et j’ai du mal à savoir lequel a vraiment un effet. D’autant plus que Tomatis est un programme passif qui ne permet pas de voir des progrès au quotidien contrairement à Arrowsmith ou à Cellfield.”
Programme CELLFIELD
Cette méthode elle aussi fondée sur la plasticité du cerveau agit directement sur les connections neuronales inefficaces sous-jacentes à la dyslexie. Maggy et les enseignants de l’école sont persuadés pour le coup qu’elle marche très bien, vu qu’elle donne des résultats significatifs en deux semaines (pendant lesquelles l’enfant ou l’adulte effectue dix sessions d’une heure chacune sur l’ordinateur). Le mari de Maggy, que je rencontre dans l’école, me dit qu’il a suivi le programme et que ça l’a bien aidé, “mais c’est surtout sur mon aîné que ça a très bien fonctionné. Il était extrêmement faible en lecture mais il a rattrapé son retard en deux semaines. C’était impressionnant.”
Je rencontre deux autres parents qui m’expliquent être très convaincus par la méthode, ainsi que plusieurs des jeunes, qui sont désormais de bon lecteurs.
Des études australiennes, et notamment l’une de l’Université de Tasmanie, montrent les effets positifs de la méthode, particulièrement la manière dont elle active les circuits neuronaux de l’hémisphère gauche du cerveau, ceux utilisés par les bons lecteurs lorsqu’ils pratiquent la lecture. Le programme promet un gain de deux niveaux scolaires, ce qui m’est confirmé par les parents rencontrés au hasard dans l’école.
Petites vidéos: une anglaise, une australienne: